Les deux orgues de l'Association à Romainmôtier

L'association Jehan Alain possède deux remarquables instruments : l'orgue construit par Albert Alain et l'orgue de Luigi Ferdinando Tagliavini. Ces orgues réunissent à Romainmôtier le souvenir de deux des plus grands organistes du 20e siècle, et bien sûr, celui d'un magnifique compositeur.

Le premier, autour duquel est née notre Association, présente des particularités sonores et techniques uniques. Il a pu être entièrement restauré par la Manufacture d'Orgues de Saint-Martin (Neuchâtel, Suisse).
Avec ses 4 claviers, 43 jeux et 2395 tuyaux, il est installé dans les combles de la Grange de la Dîme à Romainmôtier, un des bâtiments de l'ancienne enceinte conventuelle.

Quant à l'orgue de Luigi Ferdinando Tagliavini, il était placé dans la maison du grand musicien à Portalban (canton de Fribourg). Celui-ci est venu maintes fois à Romainmôtier pour enseigner dans le cadre de notre cours d'interprétation, et il nous a légué cet instrument, construit par la maison Kuhn en 1997, riche de trois claviers et pédalier, désormais installé magnifiquement dans la chapelle Saint-Michel, au-dessus du narthex de l'Abbatiale.

Des présentations des instruments ont lieu durant la belle saison, à 16 heures tous les dimanches où il y a un concert d'orgue à l'Abbatiale (17 heures).
Les visites privées ou en groupe sont les bienvenues tous les jours.
Prière de prendre rendez-vous à l'avance.

L'orgue dit "orgue Alain" fut construit par Albert Alain, père de Jehan, Olivier, Marie-Claire et Marie-Odile. Il y travailla toute sa vie, depuis 1910, faisant preuve d'un unique talent de bricoleur et d'une grande sensibilité de musicien.
Après son décès en 1971, il n'était plus possible de conserver la maison familiale du 46, rue de Pologne à Saint-Germain-en-Laye. Une première demande fut adressée par les proches du constructeur en 1973 à la mairie de Saint-Germain, qui conclut à l'impossibilité de loger et de restaurer l'instrument. En cette même année 1973, la commission des orgues non-historiques rejeta une demande de conservation de l'œuvre de vie d'Albert Alain, qui y avait travaillé sans relâche depuis 1910.
Une solution parut se dessiner à Saint-Donat, dans la Drôme, où Marie-Claire Alain donnait des cours tous les étés : on espéra pouvoir reconstruire l'orgue dans le Palais delphinal. Il fut donc démonté à la hâte par les ouvriers de la manufacture Haerpfer-Ermann, abrégés coupés à la pince, porte-vents de papier journal écrasés et jetés, vergettes détruites, l'opération causant la perte irrémédiable de toute la mécanique d'Albert Alain, le tout devant l'objectif d'un photographe.
Tout le reste de l'orgue fut transporté à Saint-Donat, où il attendit onze ans dans des conditions de garde déplorables. Plusieurs parties furent volées durant la période du stockage.
Au début de l'année 1985, lors d'une mémorable réunion à Stuttgart, où leurs chemins s'étaient croisés par hasard, Marie-Claire fit don de l'orgue ainsi mutilé à Guy Bovet, qui devait créer une association et promettait de le restaurer dans sa splendeur. Le déménagement eut lieu le 17 avril 1985, grâce à un camion de la Migros qui ramenait des fraises de la vallée du Rhône, et l'orgue fut accueilli dans les ateliers de la Manufacture d'orgues de Saint-Martin (Neuchâtel), à l'époque encore dirigée par le célèbre facteur d'orgues Georges Lhôte. L'Association Jehan Alain fut fondée en 1987 et se mit à la recherche des fonds nécessaires pour réaliser les travaux. Il fallut encore du temps pour trouver l'emplacement idéal pour placer l'instrument, et pour obtenir l'autorisation d'occuper les lieux, un beau galetas de l'édifice appelé « Grange (ou Maison) de la Dîme », à côté de l'abbatiale romane de Romainmôtier.
L'inauguration eut lieu en juin 1991, et Marie-Claire Alain fut émerveillée du travail des facteurs d'orgues, qui avaient rendu à l'orgue d'Albert Alain une entière sécurité de fonctionnement, tout en préservant fidèlement son caractère sonore.

Excepté pour la mécanique, qui avait été saccagée, mais qui a pu être reconstituée d'après les plans d'Albert Alain, l'orgue se trouve maintenant dans son état d'origine, à trois exceptions près, décidées et pratiquées lors de la restauration :

  1. Le petit sommier de solo à la Pédale, qui se trouvait dans une niche à gauche de l'organiste, aurait constitué un obstacle gênant et dangereux, pour l'instrument et le public. Il a donc été logé à l'intérieur du buffet. Ce changement a sans doute comme conséquence une petite perte de présence de cette partie des jeux de Pédale.
  2. L'instrument ne possédait que trois accouplements manuels sur le G.O. (d'où certaines complications de registration dans les œuvres de Jehan Alain). Nous y avons fait ajouter deux accouplements sur le Positif (IV/II et III/II). Faute de place, il sera toujours impossible de construire un accouplement IV/III.
  3. Albert Alain avait complété l'orgue, après la mort de son fils, par un clavier de Bombarde comportant notamment une batterie de grandes anches, et avait placé ce nouveau clavier en 3ème position, à la place de celui que Jehan, dans toute sa musique, appelle Récit. Ce nouveau clavier de Bombarde fut nommé Récit. Quant à l'ancien Récit, déplacé au 4ème étage, il fut renommé Solo.

Ces changements, bien qu'historiques, créaient une confusion lors de l'utilisation de l'orgue dans l'œuvre de Jehan Alain. D'une part, il fallait sans cesse expliquer que les passages confiés au Récit (III) devaient se jouer au Solo (IV), et ceux qui utilisaient le III tombaient sur un clavier que Jehan Alain n'avait jamais connu. Handicap plus gênant encore : les organistes qui voulaient jouer Jehan Alain sur GO-Pos-Réc devaient jouer sur I-II-IV, en sautant le III, ce qui était fort malcommode.
Nous avons donc interverti les claviers III et IV, replaçant l'ancien Récit en 3ème et le clavier de Bombarde en 4ème position, ce qui est plus logique étant donné qu'il complète souvent soit le GO, soit la Pédale. Ce que nous n'avons pas pu (ou pas voulu) faire, par contre, est de redonner aux claviers leurs noms d'origine : le Récit de Jehan Alain s'appelle donc toujours Solo et la Bombarde d'Albert toujours Récit. Nous n'avons pas non plus modifié toute la mécanique de tirage des jeux, laissant les tirants où Albert les avait mis, ce qui cause un certain désordre dans l'emplacement des jeux par rapport aux claviers. Même sans cela, ce désordre existait déjà en raison des nombreux jeux ajoutés après coup par Albert, qui ne trouvait plus assez de place à la console pour placer les nouveaux tirants.

Composition de l'orgue Alain

Grand-Orgue I
Bourdon 16'
Montre 8'
Flûte harmonique 8'
Bourdon 8'
Prestant 4'
Fourniture 5 rangs

Positif II
Salicional 8'
Cor de nuit 8'
Gros Nazard 5'1/3
Flûte douce 4'
Nasard 2'2/3
Quarte 2'
Tierce 1'3/5
Larigot 1'1/3
Piccolo 1'

Solo (Réc de J.A.) III, expr.
Quintaton 16'
Gambe 8'
Voix céleste 8'
Flûte conique 8'
Salicet 4'
Flûte octaviante 4'
Nasard 2'2/3
Flûte 2'
Tierce 1'3/5
Cromorne 8'
Hautbois 8'

Récit (Bombarde d'A.A.) IV, expr.
Principal 8'
Bourdon 8'
Prestant 4'
Quinte 2'2/3
Doublette 2'
Tierce 1'3/5
Plein-jeu 1'
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'

Pédale (divisée Do1-Si1/Do2-Fa3)
Soubasse 16'
Basse 8'
Flûte 4'
Bourdon 4'
Principal 2'
Nazard 1'1/3
Tierce 4/5'

Accouplements
Pos/GO
Réc/GO
Solo/GO
Réc/Pos
Solo/Pos
Tirasses GO, Pos, Réc, Solo

 

 

 

Orgue Tagliavini

 

 

Premier clavier
Soubasse 16' C-f'
Montre 16' depuis f#'
Montre 8' B/D

Deuxième clavier
Bourdon 8' B/D
Prestant 4' B/D
Nazard 2'2/3 B/D
Plein Jeu

Troisième clavier
Bourdon 8' B/D
Flûte 4' B/D
Doublette 2' B/D
Cornet 4' c' ou c#' à choix
Régale 8' B/D

Caractéristiques
3 claviers de 5 octaves C-c'''
Pédale accouplée au 1er clav
Coupure claviers c'/c#'
Acc. III/II et II/I à tiroir
Tremblant pour tout l'orgue
Jeu de vache et rossignol   

 

 

 

 

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